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LE MAÎTRE DU FEU

pour le détruire !… Oui ! si je vous ai rassemblés ici, c’est pour que vous puissiez dire au monde que nous avons son sort dans notre main ! et que notre main n’a qu’un signe à faire pour que les plus riches cités de la terre, avec leurs habitants et leur civilisation, disparaissent en quelques minutes !… et cela sans que nous ayons à sortir d’ici !… »

À cette formidable parole, un frisson parcourut visiblement l’assemblée. Mais l’Empereur avait fait un signe et Hans avait ouvert une porte qui donnait sur un couloir. Tous s’y engagèrent derrière l’homme.

On arriva ainsi dans un laboratoire assez vaste, celui-là même dans lequel avait travaillé Malet. Ce laboratoire était séparé en plusieurs parties formant dans chaque coin de véritables cabinets particuliers, fermés soit par des rideaux, soit par des portes.

L’un de ces petits laboratoires avait sa porte vitrée et les vitres en étaient éclairées par une lumière d’un rouge vif.

Quand tout le monde fut rassemblé dans la pièce centrale, l’Empereur dit à mi-voix en montrant la porte vitrée :

« Vous allez regarder à travers cette vitre et vous verrez un homme qui travaille à une chose admirable, au remède universel issu du radium. Vous avez dû déjà entendre parler de cet homme. C’est un génie. Il s’appelle Théodore Fulber… C’est un Français !… Il est notre prisonnier… Je n’ai point voulu que les hasards de la guerre interrompissent le cours d’une œuvre destinée à guérir tous les maux de l’humanité, si l’humanité consent à être guérie !… et nous avons mis notre laboratoire à sa disposition. Vous voyez que nous ne sommes point tout à fait des barbares !… »

Ayant dit, il s’approcha lui-même de la porte et se pencha sur les vitres, puis il se retourna et fit signe aux autres d’approcher.

Déjà le mouvement en avant avait commencé quand il s’arrêta brusquement.