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UNE NUIT DANS L’ENFER

« Tas pas besoin de passer les manches ! lui souffla le reporter, et colle-toi la casquette sur le côté, c’est le grand chic ! »

Une minute plus tard, ils étaient dans la cour. La mère Klupfel ronflait toujours.

« Où allons-nous ? demanda La Candeur.

Partout où le service nous réclame ! » répliqua Rouletabille, et, poussant devant lui la petite voiture du service de ronde qui est en usage chez les pompiers de l’usine et qui semblait les attendre à la sortie de la cantine, ils passèrent sans encombre devant le poste qui se trouvait a l’entrée de la cour de l’Arbeiterheim réservée aux ouvriers étrangers et aux prisonniers français…

Cette petite voiture avait un coffre dans lequel se trouvait tout ce qu’il fallait pour arrêter ou limiter les premiers progrès d’un incendie : pics, pioches et haches et, dans un compartiment, des grenades extinctrices. Enfin, au-dessus de ce coffre, se dressait une échelle légère double dont un mouvement mécanique à main pouvait augmenter le développement.

« Mon vieux, déclara Rouletabille à son compagnon, dès qu’ils se trouvèrent en pleine usine, je t’avouerai que je guignais cette échelle-là, les capotes et les casquettes depuis l’avant-dernière nuit…

— Pour aller voir Vladimir ? » sonda La Candeur, qui, dans l’ahurissement où le plongeaient tous ces événements incompréhensibles, n’avait plus qu’une idée fixe, voir Vladimir !

— Sans doute ! pour aller voir Vladimir, et quelques autres personnages que l’on ne peut approcher que fort difficilement si l’on ne possède pas une échelle, une capote et une casquette de pompier !…

— Y a pas à dire, tu penses à tout !… »

Mais ils venaient de sortir de l’ombre noire des hauts murs de l’Arbeiterheim et ils s’arrêtèrent soudain devant un spectacle inouï.

« C’est beau, l’enfer !… » soupira La Candeur…