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UNE ENTREVUE DRAMATIQUE

en affaires avec le général von Berg, allaient y être conviés. Pais il y eut quelques propos échangés d’une voix sourde dans lesquels on put déméler les noms de Nicole et de Fulber et ces mots : la volonté de l’Empereur !… et enfin ces phrases :

« Non ! Je n’ai pas eu à sortir Nicole aujourd’hui ! Le général, avant de retourner au kommando, a voulu la voir en particulier. Je crois qu’il y a quelque chose de nouveau dans l’air !… »

On imagine facilement avec quel intérêt Rouletabille écoutait ce qui se passait de l’autre côté de la porte et combien il regrettait que Nicole ne fût point venue avec Helena.

Mais, le jour suivant, les deux jeunes filles arrivèrent ensemble, toujours suivies du fameux gardien qui les attendit dans le vestibule. Cet homme avait un uniforme spécial, mi-militaire, mi-domestique de grande maison, et on pouvait le prendre pour une ordonnance ou pour un majordome.

Rouletabille apprit plus tard que l’administration de l’usine disposait ainsi d’un certain nombre de ces domestiques d’apparat qui étaient mis à la disposition des plus hauts personnages étrangers en visite à Essen et qui, au fond, ne cessaient jamais d’exercer sur eux une surveillance assidue. Ils appartenaient à la police occulte dont avait parié La Candeur.

Helena et Nicole avaient pénétré, selon leur habitude, dans la salle de dessin particulière de l’ingénieur, et bientôt celui-ci fit derrière elles une entrée assez précipitée.

Son premier geste fut d’aller à la porte qui ouvrait sur le petit cabinet où travaillait Rouletabille. Il regarda dans ce bureau et constata qu’il était vide.

Le reporter, en effet, venait de se jeter dans une armoire où pendaient des blouses à dessin. Richter referma la porte, satisfait, et voici la scène qui se passa :

Elle devait avoir sur la suite du récit une telle influence que nous croyons ne pouvoir mieux faire que de donner