phète avait dit avant Jésus: « La pierre qui avait été délaissée est toriens devenir pour eux et leurs libraires une source de ri- >> devenue la pierre angulaire du temple; mais l'Évangile anime chesse. Où ces heureux écrivains moissonnent, il est rare que les ces pierres délaissées et en fait des hommes, ce qui est une plus philosophes puissent glaner. Je ne le dis pas pour m'en plaindre, belle image. mais pour vous avertir. ud: 1017 VEC Pour mon compte, j'aime d'autant plus cette image, qu'elle me Chaque ceuvre, et par conséquent chaque ouvrier, a son caractère fait comprendre une parole dont on a bien abusé. C'est quand Jé-et sa récompense. Anacréon, dans une de ses odes, dit que la Na- sus dit à Simon Pierre : « Tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai ture a départi à chaque espèce des moyens de défense différents, » mon Église. >> Les théocrates ont bati là-dessus je ne sais quelle au taureau des cornes, au cerf des pieds légers, la ruade au Église despotique où l'Humanité tout entière est abitissée aux pieds eheval, au lion sa dent meurtrière. Que donna-t-elle d'un seul homme, les philosophes ont ri du jeu de mots, sans en se demande le poète; et il e; et il répond: La Pensée. Mais la femme ? ajoute- pénétrer le vrai sens. Ce sens est pourtant manifeste, quand on t-il, que resta-t-il pour elle? et il répond: La Beauté. On pourrait rapproche les deux passages. « Race de vipères, disait Jésus aux continuer l'idée d'Anacréon, en disant que Dieu donne aux esprits » Pharisiens et aux Saducéens, ne présumez point de dire en vous-divers d'une même époque ce qui est nécessaire pour l'oeuvre à la- mêmes : Nous avons Abraham pour père; car je vous dis que quelle sa providence les destine, à ceux-ci l'éloquence, à ceux-là la >> Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants à Abra- poésie, les trésors de l'imagination, l'abondance et la grandeur du »ham.» Or c'est ce qu'il répète au sujet de celui de ses apôtres qui style; à d'autres, avec les facilités de l'étude, la science des détails s'appelait, de son surnom, Pierre. Rien de plus, rien de moins. Les et l'art des minuties. Mais à ceux qu'il destine à renouveler la foi, pauvres, en effet, les déshérités, les prolétaires, furent, chez les que donnera-t-il? La foi; à quoi il pourra ajouter, pour les éprou- Juifs comme chez les Gentils, ces cailloux fertiles, ces pierres deve- ver, la douleur. capitalis nues des hommes, des fils d'Abraham, des enfants de Dieu, ces cailloux, dis-je, semblables à ceux que Deucalion jetait du haut des montagnes sur la terre sortie du délnge pour régénérer la race humaine. Certes les pauvres pêcheurs qui servirent d'apôtres à Jésus se montrèrent plus intelligents que la Synagogue, et S. Paul trouva des esclaves qui le comprirent mieux que l'Areopage. Ce que je puis affirmer de moi, à la cinquante-quatrième année de mon âge, c'est que ma vie a été la recherche pénible, laborieuse, in- cessante, de la vérité. J'ai trouvé (je le crois, du moins) un fil con- ducteur dans le labyrinthe où nous étions tous enfermés, destinés à servir de proie au Minotaure du doute et de l'athéisme. Si ce fil n'est pas tissu d'or et de soie, c'est que ceux à qui l'or et la soie avaient été départis s'occupaient à orner notre prison, sans chercher à en sortir, et quelquefois à tisser pour eux-mêmes, avec les dons divins qui leur avaient été octroyés, des vêtements somptueux et des couronnes! null TOTTENTORSTOPNI ce Vous avez donc raison, ami, les lecteurs ne manqueront pas plus à l'idée nouvelle que l'idée nouvelle elle-même ne manquera aux lecteurs;
- et, quant à nous, n'abandonnons pas l'art de Guttemberg.
C'est t un art sauveur et qui doit nous inspirer une sorte de culte, comme au temps de sa naissance. Les grands réformateurs du sei- Le moment est venu pour moi de présenter aux hommes, mes zième siècle avaient foi dans l'Imprimerie, et s'en servaient obstiné- frères, le fruit de mon labeur; et je puis le faire, grâce à Dieu, sans ment au milieu de toutes les entraves, de toutes les persécutions, orgueil et sans fausse modestie. Car non seulement je puis dire avec sous la menace même des büchers. Leur confiance a-t-elle été l'Évangile : « Ma Doctrine n'est pas de moi, mais de Celui qui, en trompée ? e me faisant aimer la vérité, m'a inspiré cette Doctrine (1); » mais Dans un livre que vous venez de publier, je lis ces lignes remar-» je puis ajouter : « Ma Doctrine n'est pas de moi à un autre titre; quables: L'esprit d'aveuglement étend de nouveau sur la France » car IL N'Y A RIEN DANS CETTE DOCTRINE QUI NE S'APPUIE SUR LA »ses sombres ailes. Il appesantit les cours, il abat les volontés. »TRADITION ET LE CONSENTEMENT DE L'HUMANITÉ. » Tout est confus, vacillant, inerte et morne. Les meilleurs perdent > courage, et les pires perdent honte. Cependant les signes prophé- »tiques ne s'effacent point à l'horizon; ils reparaissent, ils se mul- » tiplient, en du défaillance » passagère du pays lassé n'étonne ni sa foi ni sa constance. Re- » foulée dans les et s'y » société qui se décompose fertilise à son insu lassenracine. La la société qui germe. > Hist >> Pour aller moins vite que le désir, la sagesse des nations n'en fait ces écrits fussent dignes de l'attention des autres hommes. En- » pas moins sa tàche. La métamorphose » la Raison en ont le secret. Ouvrières la Liberté et in its sont ce qu'ils sont, mais ils contiennent la vérité. Voilà A vrai dire, je ne suis pas un auteur, je suis un croyant. Dieu m'a fait la grâce de prendre au sérieux la devise de Jean-Jacques: Vitam impendere vero. J'ai écrit à mesure que la vérité m'a été connue, d'autre art que la même. Personne ne sait mieux que moi combien mes écrits sont impar- faits. Je puis pourtant me rendre cette justice qu'au milieu de toutes les difficultés qui ont assailli ma vie, j'ai fait mes efforts pour que d'une oeuvre di- ce sort du fond de ma conscience, fond de mon cœur, de »vine, elles opèrent silencieusement, avec s e sureté, sans jamais sus-tött mon être. On me reduirait en poudre que je ne saurais penser >>pendre leur travail, la transformation du monde! >>
Qui a écrit cela? Une femme est in feminis aliquid divinioris mentis. Suivons donc l'inspiration de cette femme, en nous mon- trant meilleurs que ces meilleurs qui, selon elle, perdent courage. Imitons plutôt ces ouvrières immortelles dont elle parle, la Liberté et la Raison, qui ne suspendent jamais leur travail. L'Évangile, que je citais tout à l'heure, ne dit-il pas, à propos d'un temps semblable au nôtre : « Vous entendrez parler de combats et de »bruits de combats : n'en soyez pas trou troublés (1). I Véritablement je trouve que nous avons altendu ndu trop longtemps, et c'est un tort qui nous est reprochable. N'est-il pas évident, en effet, que la la dissolution de toutes les vieilles croyances s'active avec une rapidité e effrayante, tandis que les croyances nouvelles flottent dans le vague et l'incertitude, faute d'une DOCTRINE GÉNÉRALE? Si donc cette Doctrine existe (et j'affirme qu'elle existe, et qu'elle se trouve dans ces écrits que vous voulez voir réimprimés), il faut se presser de la mettre à la portée de tous, de tous ceux au moins qui cherchent le salut là où il faut le chercher, dans la connaissance, dans la la science, dans la vérité. C'est le moyen de hater, autant qu'il nous est donné de le faire, la fin de cette crise morale d'où doit sortir l'Humanité nouvelle. ne soyons pas Néanmoins avant de commencer cette entreprise, il faut que nous sachions bien ce que nous devons en attendre, afin que nous rebutés par peine, et que nous ne nous chagri- nions pas comme des enfants, si les résultats ne répondent pas à nos efforts. Vous ne devez pas vous dissimuler que l'œuvre qu'il s'agit de présenter au public n'a aucun des attraits qui font courir la foule chez quelques-uns de vos confrères. Notre époque a vu maintes fois les pages des poètes, des romanciers, des his- Compstoerer noen in (1) 8. Matthient, chap. XXIV, 6ndant it t autrement. Je le répète, je suis un croyant. Vaînement je suis né à une épo- que de scepticisme: j'étais tellement croyant de ma nature que j'ai recueilli (telle est du moins ma conviction) la croyance de l'Hu- mauité, alors que cette croyance étail à l'état lateat, alors que l'Hu- manité semblait incrédule sur toute chose; et c'est cette croyance que je prétends lui rendre. Je ne fais donc que rapporter à l'Huma- nité ma mère ce qu'elle m'a donné, heureux d'ailleurs de l'avoir comprise, aimée et servie, et plein de reconnaissance envers Dieu qui m'a permis de la comprendre, de l'aimer et de servir. Vous donc, ami, qui, depuis puis longtemps déjà, êtes mon intermé- diaire auprès du public, déshabituez-vous de ces marques de dépit que je vous ai vu montrer quelquefois à propos des critiques qu'on fait de mes ouvrages, ou du dédain qu'on leur prodigue. Quand on vous dit : « Cet écrivain ne ressemble en rien à ceux que notre siècle renomme; il n'a pas l'art de nous intéresser, de nous émouvoir, de nous charmer; répondez: « Aussi n'est-il pas venu pour cela, mais pour trouver la vérité la plus utile, la vérité religieuse. » S'il a plu, en effet, à Dieu d'employer mon incapacité, Dieu n'est-il pas le maitre, et ne puis-je pas m'appliquer les paroles que je ci- fais tout à l'heure: « Si les enfants d'Abraham (c'est-à-dire, en ce cas, les savants et les éloquents) refusent de faire la volonté de » Dieu, Dieu saura du sein des cailloux susciter des enfants à Abraham. »3 te 31.10.10 Vous m'avez demandé la liste exacte des ouvrages qui devront entrer dans cette collection; je vous envoie cette liste. Nous suivrons dans la publication l'ordre même où ces écrits ont paru. Chaque pensée, en effet, m'est venue à son heure, et a été engendrée par celles qui l'avaient précédée. L'ordre chronologique (1) S. Jean, chap. VII, y. 16 AT 1