PARIS.
Un an………….. 5
Six mois… 2503
Le numéro……… 50
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REVUE POLITIQUE.
A-t-on rien fait de tout cela ? A quoi bon ! Il y a là, à Belle-Ile, deux cents repris de justice, dit M. Baroche, et les trois cents autres sont… suspects. Ce sont des hommes abominables, reprend M. Ferdinand Barrot. Après le travail des commissions, après les mises en liberté successives, que peut-il rester, si ce n’est de san- Il faut faire peur aux aristocrates, disait Danton. Il faut faire peur guinaires ennemis de la société ? La preuve ! la preuve ! crie de aux socialistes, répètent aujourd’hui les gens de l’Elysée, les mi— nouveau la gauche impitoyable à M. Barrot, et voici que de toutes nistres de l’action, les meneurs de la droite, tous les Terroristes parts les faits les plus accablants viennent démentir le ministre de enfin de la République honnéte et modérée. Mais lorsque Danton par-Élysée. Un homme a été arrêté. Qu’avait-il fait ? Il n’avait commis lait d’intimider les aristocrates, il savait à quels hommes et à quelles d’autre crime que de porter sur lui le mouchoir qui servit à étan- passions il avait à faire. En voulant l’imiter, pour épouvanter les cher le sang de son frère. Et pourtant cette innocente victime est socialistes, les gens de la réaction font preuve d’autant d’aveu— encore à Belle-lle. Un autre sort de chez lui le 24 juin, un fusil sur glement que Danton avait montré de clairvoyance. L’égoisme, en répaule et criant : Vive l’Empereur ! Quelques voisins le retiennent, effet, est pusillanime ; la foi, la religion sont impertubables. On peut le calment, le font rentrer chez lui. Deux jours après, sur une dé- faire trembler de lâches et sordides intérêts ; mais il n’y a pas de Ter-nonciation, il est arrêté, transporté, mis sur les pontons, envoyé à reur contre l’Idée ; rien n’effraie ceux que l’Idée a a convertis et trans— Belle-Ile ; il y est encore. Et Terson, qu’on n’a pas cité, l’honnête formés : les menaces et les supplices y échouent également. Quand et courageux Terson, dont le dossier contenait pour toute imputa- les sempereurs romains livraient les chrétiens aux bêtes du cirque, ils tion criminelle, suspect d’opinions avancées, n’est-il pas toujours à croyaient trouver des apostats et ne faisaient que des martyrs. Mais les avertissments de l’opinion, les enseignements répétés de l’histoire ne sont rien pour certains hommes voués à l’œuvre fatale des contre-révolutions. La faction royaliste qui exigea naguère la dis- solution immédiate des Ateliers nationaux vient de nous en donner une nouvelle preuve en arrachant à la majorité de l’Assemblée cette loi sur la Transportation que l’histoire appellera les journées de septembre de la réaction en 1848. De ces quinze mille soit disant insurgés, arrétés dans les moments de confusion et d’épouvante qui suivirent les journées de Juin 1848, il reste aujourd’hui quatre cent soixante-huit détenus à Brest et à Belle-lle. C’est sur ce triste débris de la plus horrible guerre civile, sur ces cinq cents malheureux soumis depuis près de deux années aux horreurs d’une captivité Belle-Ile ? « con- ugh de rin- Il serait trop long d’entrer ici dans les détails de cette loi inqua- lifiable, de dire comment le décret de Transportation de l’Assemblée constituante est dévenu un décret de Déportation, comment le pou- voir exécutif est resté maître de garder à perpétuité les détenus dans la citadelle de Bone, au lieu de les établir sur la terre d’Algérie ; de signaler les considérations au moyen desquelles les transportés seront, en dépit de la volonté expresse de l’Assemblée constituante, indéliniment séparés de leur famille. Qu’importe ! Est-il besoin de tant de sollicitude pour des hommes destinés comme l’a dit M. Léon Faucher, à devenir « le monument de la justice nationale, » à server, suivant les expressions du rapporteur, le souvenir des actes de je ne sais quelle démagogie, » à servir enfin de victimes expia- jours l’emportement de leurs colères rétroactives. Pour soutenir Et, pourtant, les membres de la commission, le ministre cette loi inhumaine, le mensonge, l’hypocrisie, la bassesse, rien n’a térieur, le ministre de la guerre ont soutenu, d’un air gravement été épargné. Ce sont, disaient tour à tour le rapporteur de la Com— ironique, l’excellence, la mansuétude, l’humanité de leur loi. Il n’est mission et le ministre Ferdinand Barrot, des voleurs, des contu-pas de tendresse dont M. Ferdinand Batrot n’ait voulu entourer ces maces, des repris de justice, des gens indignes de pitié.-Des juges ! repris de justice, ces criminels incorrigibles qu’il déclarait tout à des juges ! criaient les membres de la montagne. Faites publique— l’heure indignes de pitié ! Quant à M. d’Hautpoul, fil a été plus admi- ment la preuve de ce que vous avancez. Qu’importent d’ailleurs les rable encore. Il a a soupiré une tendre. de ce climat, une description si poétique, si enchanteresse, que la droite, enivrée au spectacle de la grande natu re évoquée par le sentimental ministre, a failli de- mander pour elle-même le bienfait de la transportation. Ah ! Tar- tuffes ! vous appelez vos adversaires des hypocrites de justice et d’humanité ! antécédents de ces hommes ! C’est leur participation à un fait de de ce pays, de ces champs, de ces forate ue sur Lambessa. Il a fait guerre civile qu’il s’agit d’établir. Ont-ils été pris les armes à la main, comme l’exigeait le décret de la Constituante ? Voilà ce qu’il faut prouver. Des juges ! des juges ! Incessamment répétée, cette vaine protestation de la justice et de l’humanité contre une ceuvre inouïe de passion politique reten- tissait encore après le vote du dernier article de la loi. Que n’a-t-on. pas dit pour échapper à ce mot vengeur ? Le décret de la Consti- tuante est un jugement, les examens des commissions spéciales sont autant de jugements… Non, car en France, pour que justice soit rendue, il faut qu’il y ait une instruction, des débats publics, il faut que l’accusé soit présent avec ses témoins, son avocat, garan- ties précieuses et indispensables de l’innocence. so Les détenus de Belle-Ile iront donc dans la province de Constan- tine. Après une station à Bone, dont la durée est connue sans doute de M. Louis-Bonaparte, ils iront, sous le régime paternel du sabre africain, braver la nostalgie et les fièvres qui ont décimé déjà tant de ces colons libres, si perfidement attirés en Algérie par le projet Lamoricière. Dans dix ans, ceux qui resteront, pourront revenir wayoir la France restaurée par les jésuites de M. Montalembert, les