quillement ses études. Plus tard, Clotilde lui rendrait cela au centuple. Solidarité adorable, sublime amitié ! Et tout cela si simple ! L’air de la mer leur avait rendu les plus fraîches couleurs. Elles étaient exquises toutes les deux, mais Clotilde avait ce quelque chose de dominateur dans le regard qui m’a toujours séduit chez les belles personnes. En mangeant nos crevettes et nos moules qu’elles avaient pêchées le matin même, Clotilde me parla sérieusement et me donna les plus sages conseils.
— Vous suivez une voie qui ne vous mènera à rien, me dit-elle. Aujourd’hui, il faut se spécialiser. Moi, j’ai fait mon choix. Tout en restant au Palais, j’irai, à la rentrée, passer quatre heures tous les jours dans une grande banque où je me familiariserai avec le contentieux. Dans ce milieu, je trouverai bien l’occasion de lever quelques procès intéressants, surtout si j’entre en même temps dans le cabinet d’un avocat d’affaires. Mais mon dessein — si je le réalisais pleinement — serait de me marier avec un avocat qui plaiderait les dossiers que je lui apporterais. Alors, je me consacrerais entièrement au contentieux d’un établissement de premier ordre où j’aurais su jouer des coudes.
Elle me dit cela simplement, sans rougir, en me regardant bien en face. C’était déjà une femme d’affaires qui me proposait un traité. C’est moi qui rougis. Elle n’eut pas l’air de s’en apercevoir et elle me demanda comment j’avais passé mes vacances.
Je lui dis que j’avais fui un Palais désert et que,