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Reines de France me portent sur les nerfs, et j’ai pleuré en regardant les petits bateaux des gosses sur la pièce d’eau. Ah ! je voudrais aller aux bains de mer ! Je ne connais pas Deauville. Il me semble que je n’arriverai jamais à sortir du Quartier Latin. Ah ! la rue Monsieur-le-Prince !… Comment ont-ils fait, les illustres ancêtres ? Je suis allé une fois chez Laveur. On m’a montré la place où Gambetta commençait à raconter des histoires autour de son assiette à soupe. Gambetta !… que serait-il resté de cette outre d’éloquence s’il n’avait pas eu une occasion : l’Empire !… Maintenant, on veut un dictateur et on ne veut plus de discours… Qu’est-ce que je fais au monde ?…

Depuis deux jours la « Remington » s’est tue, de l’autre côté de mon mur. Ces demoiselles sont parties en vacances. C’est Mlle Clotilde qui m’a annoncé cette bonne nouvelle. Elles sont extraordinaires : elles s’offrent deux mois de congé tous les ans dans « leur villa de Lion-sur-Mer ». J’ai demandé à mon confrère en bas de soie-imitation de m’inviter. Elle m’a répondu en riant qu’il n’y avait qu’une chambre dans leur villa : « Je coucherai dans le salon ! » Mais il n’y a pas de salon dans leur villa, ni de salle à manger. Il n’y a que deux pièces. Et elle m’a sorti une photo de leur propriété, car cela leur appartient !… Une cabane qu’elles ont construite avec des caisses d’épicerie et du papier goudronné, dans un repli de la dune, avec un jardin potager, ma chère !… où il ne pousse que des coquilles de moules. Elles sont parties, folles de joie…