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enfant qui joue au soldat avec un fusil de bois. Elle m’éclairait. Je lui faisais mille taquineries : « Je vous assure, darling, que l’on ne peut pas travailler sérieusement avec vous ! »

Dans la cave, je mis beaucoup d’amour-propre à lui prouver que j’avais su profiter de ses excellents renseignements. Cinq minutes plus tard, nous remontions avec deux bouteilles de « Mum 1910 », ce qui n’était point pour nous faire peur. Du reste, je n’avais plus peur de rien !

— Petit chéri, tous mes compliments ! Vous êtes, maintenant, un vrai cambrioleur ! Scotland Yard n’hésiterait pas à reconnaître votre maîtrise.

— Qu’entendez-vous par là ? demandai-je, car je ne savais exactement où elle voulait en venir…

— J’entends que, pour la première fois, vous avez fait sauter une porte derrière laquelle il se trouvait quelque chose ! et nous allons vous baptiser, s’il vous plaît, avec l’eau du crime !

C’était exact ! Ma foi, je n’y avais pas pensé ! J’avais bel et bien cambriolé le bien d’autrui !… Je dois avouer, à ma grande honte, que je n’en éprouvais aucun regret…

« L’eau du crime » pétilla dans notre timbale et fut bue avec délice. Joyeux baptême !… Elle découpait le pâté sur notre coin de table cependant que gisaient autour de nous tiroirs défoncés, portes forcées, placards éventrés… Rien ne manquait au décor… Nous avions l’air vraiment de nous restaurer en hâte avant de repartir, après avoir fait un mauvais coup. Heureusement, il n’y avait encore d’autres cadavres que celui de la première