Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DE ROULETABILLE
73

— Toi qui parles turc, tu devrais parler à l’agha ; peut-être t’’écouterait-il ?

— Je connais un moyen pour qu’il m’entende, sans que j’aie à lui adresser la parole. Voulez-vous que j’essaye ?

— Quel moyen ?

— Donnez-moi mille levas.

— Vrai ! fit Rouletabille, tu crois ?

— Donnez-moi mille levas…

Rouletabille sortit de la poche intérieure de son gilet les mille francs demandés. Vladimir les prit et alla les déposer près de l’agha sur la petite tablette qui supportait son narghilé.

— Si j’étais l’agha, pensait Rouletabille, j’allumerais ma pipe avec !

Vladimir revint près de Rouletabille. L’agha n’avait pas bougé.

— Eh bien ? demanda Rouletabille.

— Eh bien, vous voyez, il ne m’a pas entendu. Donnez-moi encore mille levas.

— En voilà cinq cents ! c’est tout ce qui me reste de la provision que j’ai emportée de la banque de Sofia… Ne me demande plus rien ! Vladimir alla placer les cinq cents levas près des mille qui se trouvaient déjà sur la tablette.

L’agha ne bougea pas davantage.

L’interprète avait assisté à ce petit manège avec un grand air de sévérité. Il finit par dire aux jeunes gens :