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DE ROULETABILLE
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— Ah ! ce doit être merveilleux ! exprima Rouletabille d’un air à la fois enthousiaste et candide.

— Ce doit être épouvantable ! fit le jeune attaché. Qu’est-ce qu’on doit voir là-dessous, quand on songe à tous les malheureux et à toutes les malheureuses que les sultans ont fait jeter au Bosphore, une pierre au pied, au fond d’un sac de cuir !

— Voulez-vous bien vous taire !

— Bah ! c’est de l’histoire… Maintenant, les sacs doivent être pourris et il ne reste plus que les corps, les squelettes qui doivent flotter entre deux eaux, retenus par les pieds… quelle armée de spectres sous-marins… Ma foi ! non, je ne tenterais pas le voyage… ça ne doit pas être assez gai !…

À ce moment, un nouveau personnage fit son entrée. Tous s’exclamèrent :

— Kermorec ! Mais on vous croyait à Salonique !…

— J’en arrive, et comment !… Avec Abdul-Hamid !…

— Hein ?…

— Ma foi je n’ai pas trouvé d’autre moyen pour venir vous rejoindre que de prendre passage sur le Loreleï, le stationnaire allemand qui vous ramène Abdul-Hamid !…

— Abdul-Hamid est à Constantinople ! s’écria Rouletabille. Madame, monsieur l’ambassadeur, excusez-moi : la nécessité du reportage… une dépêche à envoyer…