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LES ÉTRANGES NOCES

Ivana. Il avait toujours sa serviette sous le bras. Il produisait un étrange effet, sur le champ de bataille, avec cette serviette, sa longue redingote noire, le seul vêtement propre qui lui restât, et sa cravate blanche, car La Candeur ne mettait jamais sa redingote sans sa cravate blanche. Il eût pu passer pour un notaire chargé de recueillir les testaments…

Ils s’en furent vers Raklitza, le premier grand fort qui défendait, au Nord-Ouest, Kirk-Kilissé, Ils se trouvaient sur la ligne des premiers éclaireurs qui avançaient encore bien prudemment, car on s’attendait à ce que les forts ouvrissent le feu d’un moment à l’autre sur Karakoï et Karakaja.

Or, les forts ne tirèrent nullement et pour cause !… Ivana, La Candeur, Rouletabille et Vladimir furent les premiers à entrer dans le fort de Raklitza. Ils y trouvèrent simplement quatre pièces de gros calibre qui n’avaient pas brûlé une gargousse, leurs servants s’étant enfuis en même temps que les derniers éléments d’infanterie que les Turcs y avaient laissés !…

Ce furent les reporters qui avisèrent du fait les soldats et leur dirent qu’ils pouvaient avancer sans crainte. Les officiers ne voulaient pas le croire, mais il fallut bientôt qu’ils se rendissent à l’évidence !

En même temps, ils retrouvèrent devant eux, au fur et à mesure qu’ils approchaient de Kirk-Kilissé, tous les signes d’une indescriptible panique.

Partout étaient laissées sur le sol les traces de la