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OÙ ROULETABILLE PART…

– La « Bête du bon Dieu », bougonna le père Jacques, la « Bête du bon Dieu » elle-même, si elle avait commis le crime, n’aurait pas pu s’échapper… Écoutez !… L’entendez-vous ?… Silence !… »

Le père Jacques nous faisait signe de nous taire et, le bras tendu vers le mur, vers la prochaine forêt, écoutait quelque chose que nous n’entendions point.

« Elle est partie, finit-il par dire. Il faudra que je la tue… Elle est trop sinistre, cette bête-là…, mais c’est la « Bête du bon Dieu » ; elle va prier toutes les nuits sur la tombe de sainte Geneviève, et personne n’ose y toucher de peur que la mère Agenoux jette un mauvais sort.

– Comment est-elle grosse, la « Bête du bon Dieu ? »

– Quasiment comme un gros chien basset… c’est un monstre que je vous dis. Ah ! je me suis demandé plus d’une fois si ça n’était pas elle qui avait pris de ses griffes notre pauvre mademoiselle à la gorge… Mais « la Bête du bon Dieu » ne porte pas de godillots, ne tire pas des coups de revolver, n’a pas une main pareille !… s’exclama le père Jacques en nous montrant encore la main rouge sur le mur. Et puis, on l’aurait vue aussi bien qu’un homme et elle aurait été enfermée dans la chambre et dans le pavillon, aussi bien qu’un homme !…

– Évidemment, fis-je. De loin, avant d’avoir vu la « Chambre Jaune », je m’étais, moi aussi, de-