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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

mouton… Mais elle a saisi certainement son revolver trop tard ; puis, le premier coup, dans la lutte, a dévié, et la balle est allée se loger dans le plafond ; ce n’est que le second coup qui a porté… »

Ayant ainsi parlé, M. Darzac frappa à la porte du pavillon. Vous avouerai-je mon impatience de pénétrer dans le lieu même du crime ? J’en tremblais, et, malgré tout l’immense intérêt que comportait l’histoire de l’os de mouton, je bouillais de voir que notre conversation se prolongeait et que la porte du pavillon ne s’ouvrait pas.

Enfin, elle s’ouvrit.

Un homme, que je reconnus pour être le père Jacques, était sur le seuil.

Il me parut avoir la soixantaine bien sonnée. Une longue barbe blanche, des cheveux blancs sur lesquels il avait posé un béret basque, un complet de velours marron à côtes usé, des sabots ; l’air bougon, une figure assez rébarbative qui s’éclaira cependant dès qu’il eut aperçu M. Robert Darzac.

« Des amis, fit simplement notre guide. Il n’y a personne au pavillon, père Jacques ?

– Je ne dois laisser entrer personne, monsieur Robert, mais bien sûr la consigne n’est pas pour vous… Et pourquoi ? Ils ont vu tout ce qu’il y avait à voir, ces messieurs de la justice. Ils en ont fait assez des dessins et des procès-verbaux…

– Pardon, monsieur Jacques, une question avant toute autre chose, fit Rouletabille.

– Dites, et, si je puis y répondre…