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UNE PHRASE QUI PRODUIT SON EFFET

Frédéric Larsan interrompit :

« Je peux vous laisser ? demanda-t-il à Robert Darzac. Avez-vous une clef, ou voulez-vous que je vous donne celle-ci ?

– Oui, merci, j’ai une clef. Je fermerai la grille. »

Larsan s’éloigna rapidement dans la direction du château, dont on apercevait, à quelques centaines de mètres, la masse imposante.

Robert Darzac, le sourcil froncé, montrait déjà de l’impatience. Je présentai Rouletabille comme un excellent ami ; mais, dès qu’il sut que ce jeune homme était journaliste, M. Darzac me regarda d’un air de grand reproche, s’excusa sur la nécessité où il était d’atteindre Épinay en vingt minutes, salua et fouetta son cheval. Mais déjà, Rouletabille avait saisi, à ma profonde stupéfaction, la bride, arrêté le petit équipage d’un poing vigoureux, cependant qu’il prononçait cette phrase, dépourvue pour moi du moindre sens :

« Le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. »

Ces mots ne furent pas plutôt sortis de la bouche de Rouletabille que je vis Robert Darzac chanceler ; si pâle qu’il fût, il pâlit encore ; ses yeux fixèrent le jeune homme avec épouvante, et il descendit immédiatement de sa voiture dans un désordre d’esprit inexprimable.

« Allons ! Allons ! » dit-il en balbutiant.

Et puis, tout à coup, avec une sorte de fureur :