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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

la dot. Quoi qu’il en soit, il ne s’en terra pas moins, avec son enfant, au Glandier, dans le moment où ses amis s’attendaient à ce qu’il produisit Mlle Mathilde dans le monde. Certains vinrent le voir et manifestèrent leur étonnement. Aux questions qui lui furent posées, le professeur répondit : « C’est la volonté de ma fille. Je ne sais rien lui refuser. C’est elle qui a choisi le Glandier. » Interrogée à son tour, la jeune fille répliqua avec sérénité : « Où aurions-nous mieux travaillé que dans cette solitude ? » Car Mlle Mathilde Stangerson collaborait déjà à l’œuvre de son père, mais on ne pouvait imaginer alors que sa passion pour la science irait jusqu’à lui faire repousser tous les partis qui se présenteraient à elle, pendant plus de quinze ans. Si retirés vivaient-ils, le père et la fille durent se montrer dans quelques réceptions officielles, et, à certaines époques de l’année, dans deux ou trois salons amis où la gloire du professeur et la beauté de Mathilde firent sensation. L’extrême froideur de la jeune fille ne découragea pas tout d’abord les soupirants ; mais, au bout de quelques années, ils se lassèrent. Un seul persista avec une douce ténacité et mérita ce nom d’« éternel fiancé », qu’il accepta avec mélancolie : c’était M. Robert Darzac. Maintenant Mlle Stangerson n’était plus jeune, et il semblait bien que, n’ayant point trouvé de raisons pour se marier, jusqu’à l’âge de trente-cinq ans, elle n’en découvrirait jamais. Un tel argument apparaissait sans valeur, évidemment, à M.