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TRAQUENARD

Il me fait faire le tour du château par le donjon. Arrivé là, il me dit :

« J’étais allé chercher mon échelle dans la salle basse du donjon, qui nous sert de débarras, au jardinier et à moi ; la porte du donjon était ouverte et l’échelle n’y était plus. En sortant, sous le clair de lune, voilà où je l’ai aperçue ! »

Et il me montrait, à l’autre extrémité du château, une échelle appuyée contre les « corbeaux » qui soutenaient la terrasse, au-dessous de la fenêtre que j’avais trouvée ouverte. La terrasse m’avait empêché de voir l’échelle… Grâce à cette échelle, il était extrêmement facile de pénétrer dans la galerie tournante du premier étage, et je ne doutai plus que ce fût là le chemin pris par l’inconnu.

Nous courons à l’échelle ; mais, au moment de nous en emparer, le père Jacques me montre la porte entr’ouverte de la petite pièce du rez-de-chaussée qui est placée en encorbellement à l’extrémité de cette aile droite du château, et qui a pour plafond cette terrasse dont j’ai parlé. Le père Jacques pousse un peu la porte, regarde à l’intérieur, et me dit, dans un souffle : « Il n’est pas là ! » – « Qui ? » – « Le garde ! »

La bouche encore une fois à mon oreille : « Vous savez bien que le garde couche dans cette pièce, depuis qu’on fait des réparations au donjon !… » Et, du même geste significatif, il me montre la porte entr’ouverte, l’échelle, la terrasse et la fenêtre, que j’ai tout à l’heure refermée, de la galerie tournante.