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J’ATTENDS L’ASSASSIN CE SOIR !

possible, voyez-vous, « mathématiquement parlant » ; mais « humainement parlant », elle est impossible… ou alors… ou alors… ou alors… »

On frappa deux petits coups à la porte de la chambre ; Rouletabille entr’ouvrit la porte ; une figure passa. Je reconnus la concierge que j’avais vue passer devant moi quand on l’avait amenée au pavillon pour l’interrogatoire, et j’en fus étonné, car je croyais toujours cette femme sous les verrous. Cette femme dit à voix très basse :

« Dans la rainure du parquet ! »

Rouletabille répondit : « Merci ! » et la figure s’en alla. Il se retourna vers moi après avoir soigneusement refermé la porte. Et il prononça des mots incompréhensibles avec un air hagard.

« Puisque la chose est « mathématiquement » possible, pourquoi ne la serait-elle pas « humainement !… » Mais si la chose est « humainement » possible, l’affaire est formidable ! »

J’interrompis Rouletabille dans son soliloque :

« Les concierges sont donc en liberté, maintenant ? demandai-je.

– Oui, me répondit Rouletabille, je les ai fait remettre en liberté. J’ai besoin de gens sûrs. La femme m’est tout à fait dévouée et le concierge se ferait tuer pour moi… Et, puisque le binocle a des verres pour presbyte, je vais certainement avoir besoin de gens dévoués qui se feraient tuer pour moi !

– Oh ! oh ! fis-je, vous ne souriez pas, mon ami… Et quand faudra-t-il se faire tuer ?