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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

que. Ces notes avaient divulgué le coup de « l’os de mouton » et nous avaient appris qu’à l’analyse les marques laissées sur l’os de mouton s’étaient révélées « de sang humain » ; il y avait là les traces fraîches « du sang de Mlle Stangerson » ; les traces anciennes provenaient d’autres crimes pouvant remonter à plusieurs années…

Vous pensez si l’affaire défrayait la presse du monde entier. Jamais illustre crime n’avait intrigué davantage les esprits. Il me semblait bien cependant que l’instruction n’avançait guère ; aussi eussé-je été très heureux de l’invitation que me faisait mon ami de le venir rejoindre au Glandier, si la dépêche n’avait contenu ces mots : « Apportez revolvers. »

Voilà qui m’intriguait fort. Si Rouletabille me télégraphiait d’apporter des revolvers, c’est qu’il prévoyait qu’on aurait l’occasion de s’en servir. Or, je l’avoue sans honte : je ne suis point un héros. Mais quoi ! il s’agissait, ce jour-là, d’un ami sûrement dans l’embarras qui m’appelait, sans doute, à son aide ; je n’hésitai guère ; et, après avoir constaté que le seul revolver que je possédais était bien armé, je me dirigeai vers la gare d’Orléans. En route, je pensai qu’un revolver ne faisait qu’une arme et que la dépêche de Rouletabille réclamait revolvers au pluriel ; j’entrai chez un armurier et achetai une petite arme excellente, que je me faisais une joie d’offrir à mon ami.

J’espérais trouver Rouletabille à la gare d’Épi-