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LA CANNE DE FRÉDÉRIC LARSAN

« Oui, terrible, terrible !… Mais est-ce vraiment ne combattre avec rien, que de combattre « avec l’idée » ?

À ce moment nous passions derrière le château. La nuit était tombée. Une fenêtre au premier étage était entr’ouverte. Une faible lueur en venait, ainsi que quelques bruits qui fixèrent notre attention. Nous avançâmes jusqu’à ce que nous ayons atteint l’encoignure d’une porte qui se trouvait sous la fenêtre. Rouletabille me fit comprendre d’un mot prononcé à voix basse que cette fenêtre donnait sur la chambre de Mlle Stangerson. Les bruits qui nous avaient arrêtés se turent, puis reprirent un instant. C’étaient des gémissements étouffés… nous ne pouvions saisir que trois mots qui nous arrivaient distinctement : « Mon pauvre Robert ! » Rouletabille me mit la main sur l’épaule, se pencha à mon oreille :

« Si nous pouvions savoir, me dit-il, ce qui se dit dans cette chambre, mon enquête serait vite terminée… »

Il regarda autour de lui ; l’ombre du soir nous enveloppait ; nous ne voyions guère plus loin que l’étroite pelouse bordée d’arbres qui s’étendait derrière le château. Les gémissements s’étaient tus à nouveau.

« Puisqu’on ne peut pas entendre, continua Rouletabille, on va au moins essayer de voir… »

Et il m’entraîna, en me faisant signe d’étouffer le bruit de mes pas, au delà de la pelouse jusqu’au