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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

bre Jaune » à clef et au verrou avant de s’écrouler, mourante, sur le plancher… Nous ne savons de quel misérable M. et Mlle  Stangerson sont les victimes ; mais il n’y a point de doute qu’ils le savent, eux ! Ce secret doit être terrible pour que le père n’ait pas hésité à laisser sa fille agonisante derrière cette porte qu’elle refermait sur elle, terrible pour qu’il ait laissé échapper l’assassin… « Mais il n’y a point d’autre façon au monde d’expliquer la fuite de l’assassin de la « Chambre Jaune ! »

Le silence qui suivit cette explication lumineuse avait quelque chose d’affreux. Nous souffrions tous pour l’illustre professeur, acculé ainsi par l’impitoyable logique de Frédéric Larsan à nous avouer la vérité de son martyre ou à se taire, aveu plus terrible encore. Nous le vîmes se lever, cet homme, véritable statue de la douleur, et étendre la main d’un geste si solennel que nous en courbâmes la tête comme à l’aspect d’une chose sacrée. Il prononça alors ces paroles d’une voix éclatante, qui sembla épuiser toutes ses forces :

« Je jure, sur la tête de ma fille à l’agonie, que je n’ai point quitté cette porte, de l’instant où j’ai entendu l’appel désespéré de mon enfant, que cette porte ne s’est point ouverte pendant que j’étais seul dans mon laboratoire, et qu’enfin, quand nous pénétrâmes dans la « Chambre Jaune », mon vieux domestique et moi, l’assassin n’y était plus ! Je jure que je ne connais pas l’assassin ! »

Faut-il que je dise que, malgré la solennité d’un