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OÙ FRÉDÉRIC LARSAN EXPLIQUE…

tres. Aussi, rejetant le journal, je m’occupai d’autre chose… Lorsque, quatre jours plus tard, les journaux du soir parurent avec d’énormes manchettes annonçant l’assassinat de Mlle  Mathilde Stangerson, ce nom de Mathilde me rappela, sans que je fisse aucun effort pour cela, machinalement, les lettres de l’annonce. Intrigué un peu, je demandai le numéro de ce jour-là à l’administration. J’avais oublié les deux dernières lettres : S. N. Quand je les revis, je ne pus retenir un cri : Stangerson !… » Je sautai dans un fiacre et me précipitai au bureau 40. Je demandai : « Avez-vous une lettre avec cette adresse : M. A. T. H. S. N. ! L’employé me répondit : « Non ! » Et comme j’insistais, le priant, le suppliant de chercher encore, il me dit : « Ah ça, monsieur, c’est une plaisanterie !… Oui, j’ai eu une lettre aux initiales M. A. T. H. S. N. ; mais je l’ai donnée, il y a trois jours, à une dame qui me l’a réclamée. Vous venez aujourd’hui me réclamer cette lettre à votre tour. Or, avant-hier, un monsieur, avec la même insistance désobligeante, me la demandait encore !… J’en ai assez de cette fumisterie… » Je voulus questionner l’employé sur les deux personnages qui avaient déjà réclamé la lettre, mais, soit qu’il voulût se retrancher derrière le secret professionnel – il estimait, sans doute, à part lui, en avoir déjà trop dit – soit qu’il fût vraiment excédé d’une plaisanterie possible il ne me répondit plus… »

Rouletabille se tut. Nous nous taisions tous. Cha-