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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

« Ah ! voilà qui est trop fort !

– Qu’est-ce ? demanda le chef de la Sûreté.

– La carte d’un petit reporter de l’Époque, M. Joseph Rouletabille, et ces mots : « L’un des mobiles du crime a été le vol ! »

Le chef de la Sûreté sourit :

« Ah ! Ah ! le jeune Rouletabille… j’en ai déjà entendu parler… il passe pour ingénieux… Faites-le donc entrer, monsieur le juge d’instruction. »

Et l’on fit entrer M. Joseph Rouletabille.

J’avais fait sa connaissance dans le train qui nous avait amenés, ce matin-là, à Épinay-sur-Orge. Il s’était introduit, presque malgré moi, dans notre compartiment et j’aime mieux dire tout de suite que ses manières et sa désinvolture et la prétention qu’il semblait avoir de comprendre quelque chose dans une affaire où la justice ne comprenait rien, me l’avaient fait prendre en grippe. Je n’aime point les journalistes. Ce sont des esprits brouillons et entreprenants qu’il faut fuir comme la peste. Cette sorte de gens se croit tout permis et ne respecte rien… Quand on a eu le malheur de leur accorder quoi que ce soit et de se laisser approcher par eux, on est tout de suite débordé et il n’est point d’ennuis que l’on ne doive redouter. Celui-ci paraissait une vingtaine d’années à peine, et le toupet avec lequel il avait osé nous interroger et discuter avec nous me l’avait rendu particulièrement odieux. Du reste, il avait une façon de s’exprimer qui attestait qu’il se moquait outrageu-