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OÙ FRÉDÉRIC LARSAN EXPLIQUE…

péré cherchant en vain à s’expliquer comment l’assassin de sa fille avait pu lui échapper ? À quoi sert donc le travail silencieux, au fond de la retraite obscure des bois, s’il ne vous garantit point de ces grandes catastrophes de la vie et de la mort, réservées d’ordinaire à ceux d’entre les hommes qui fréquentent les passions de la ville ?[1]

« Voyons ! monsieur Stangerson, fit M. de Marquet, avec un peu d’importance ; placez-vous exactement à l’endroit où vous étiez quand Mlle Stangerson vous a quitté pour entrer dans sa chambre. »

M. Stangerson se leva et, se plaçant à cinquante centimètres de la porte de la « Chambre Jaune », il dit d’une voix sans accent, sans couleur, d’une voix que je qualifierai de morte :

« Je me trouvais ici. Vers onze heures, après avoir procédé, sur les fourneaux du laboratoire, à une courte expérience de chimie, j’avais fait glisser mon bureau jusqu’ici, car le père Jacques, qui passa la soirée à nettoyer quelques-uns de mes appareils, avait besoin de toute la place qui se trouvait derrière moi. Ma fille travaillait au même bureau que moi. Quand elle se leva, après m’avoir embrassé et souhaité le bonsoir au père Jacques, elle dut, pour entrer dans sa chambre, se glisser assez difficilement entre mon bureau et la porte.

  1. Je rappelle au lecteur que je ne fais que transcrire la prose du greffier et que je n’ai rien voulu enlever de son ampleur ni de sa majesté.