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MAINTENANT IL VA FALLOIR…

« Je ne sais pas qui vous êtes, vous qui venez me dire : « Maintenant va falloir manger du saignant. » Mais si ça vous intéresse : l’assassin, le v’là ! »

Aussitôt qu’il eût ainsi parlé, le père Mathieu nous quitta. Rouletabille retourna vers l’âtre, et dit :

« Maintenant, nous allons griller notre bifteck. Comment trouvez-vous le cidre ? Un peu dur, comme je l’aime. »

Ce jour-là, nous ne revîmes plus Mathieu et un grand silence régnait dans l’auberge quand nous la quittâmes, après avoir laissé cinq francs sur notre table, en payement de notre festin.

Rouletabille me fit aussitôt faire près d’une lieue autour de la propriété du professeur Stangerson. Il s’arrêta dix minutes, au coin d’un petit chemin tout noir de suie, auprès des cabanes de charbonniers qui se trouvent dans la partie de la forêt de Sainte-Geneviève, qui touche à la route allant d’Épinay à Corbeil, et me confia que l’assassin avait certainement passé par là, « vu l’état des chaussures grossières », avant de pénétrer dans la propriété et d’aller se cacher dans le bosquet.

« Vous ne croyez donc pas que le garde a été dans l’affaire ? interrompis-je.

– Nous verrons cela plus tard, me répondit-il. Pour le moment, ce que l’aubergiste a dit de cet homme ne m’occupe pas. Il en a parlé avec sa haine. Ce n’est pas pour l’ « homme vert » que je vous ai emmené déjeuner au « Donjon ».