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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

ché ; mais il a marché sur le gravier qui a roulé sous sa chaussure sans en conserver l’empreinte : ce gravier, en effet, a été roulé par beaucoup d’autres pieds puisque le sentier est le plus direct qui aille du pavillon au château. Quant au bosquet, formé de ces sortes de plantes qui ne meurent point pendant la mauvaise saison — lauriers et fusains — il a fourni à l’assassin un abri suffisant en attendant que le moment fût venu, pour celui-ci, de se diriger vers le pavillon. C’est, caché dans ce bosquet, que l’homme a vu sortir M. et Mlle  Stangerson, puis le père Jacques. On a répandu du gravier jusqu’à la fenêtre — presque — du vestibule. Une empreinte des pas de l’homme, « parallèle » au mur, empreinte que nous remarquions tout à l’heure, et que j’ai déjà vue, prouve qu’« il » n’a eu à faire qu’une enjambée pour se trouver en face de la fenêtre du vestibule, laissée ouverte par le père Jacques. L’homme se hissa alors sur les poignets, et pénétra dans le vestibule.

— Après tout, c’est bien possible ! fis-je…

— Après tout, quoi ? après tout, quoi ?… s’écria Rouletabille, soudain pris d’une colère que j’avais bien innocemment déchaînée… Pourquoi dites-vous : après tout, c’est bien possible !… »

Je le suppliai de ne point se fâcher, mais il l’était déjà beaucoup trop pour m’écouter, et il déclara qu’il admirait le doute prudent avec lequel certaines gens (moi) abordaient de loin les problèmes les plus simples, ne se risquant jamais à dire :