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En tout cas, nous nous tromperions bien si Thélise ne pensait point l’avoir enfin découvert, ce bel oiseau rare qu’elle cherchait mais jugez de la persistance de son malheur ! Elle avait à peine pu apprécier les joies consolatrices de sa nouvelle aventure que M. Supia, son époux, lui avait confié que son prince charmant demandait à épouser Antoinette.

C’était pour aboutir à Antoinette qu’Hippothadée avait commencé par Thélise !

Voilà de ces découvertes qui sont bien faites pour ulcérer un cœur sincère qui, chaque fois, qu’il s’est donné, a cru que c’était pour la vie.

Depuis deux jours, Thélise était comme folle… Caroline ne pouvait soupçonner qu’il y eût d’autre cause au désespoir de sa mère que la peine de son enfant, car Caroline n’avait caché à personne, et encore moins au prince, qu’elle comptait bien devenir princesse. Thélise profitait de cette candeur de Caroline pour ne mettre aucun frein à son ressentiment à l’endroit d’Hippothadée.

Enfin, la douleur de la mère et de la fille se décuplait à l’idée que les honneurs princiers étaient réservés à cette petite Agagnosc, qui était incapable de se tenir dans le monde : princesse de Transalbanie !… N’était-ce pas à mourir de rire ! En attendant, elles en pleuraient…

C’est en vain que M. Supia, pour calmer sa fille, avait daigné lui expliquer qu’en faisant cadeau d’Hippothadée à Antoinette, il se faisait un cadeau à lui-même, ce qui ne manquerait point de lui profiter plus tard à elle, Caroline, lorsque son père serait mort ; elle