Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

véhicule devant la porte et soulevait sa lanterne au-dessus d’un corps allongé au travers des paniers et des légumes.

— Ah ! mes enfants ! je l’ai hissée là comme j’ai pu ! Elle ne vaut guère… Je l’ai trouvée, passé la Costa, au milieu de la route !

— Mais qui est-ce ? demandèrent les autres.

— Ah ça ! on ne la reconnaît pas tout de suite !… Nathalie !

— Mon Dieu ! mais oui, c’est Nathalie ! Ah ! la pauvre !

Toton Robin la descendait déjà :

— Elle est pleine de sang !… Portez-la sur mon lit, fit le Petou… et qu’on aille chercher le docteur.

Pendant ce temps, Arthus l’auscultait.

— Elle vit !… Bon Dieu, ce qu’ils l’ont abîmée !…

Le Petou glissait à la pauvre fille un plein verre de grappa entre les dents.

— Si elle pouvait parler ! fit Robin… nous n’aurions pas besoin de chercher bien loin pour savoir où il est, notre Titin !…

Comme si elle n’attendait que ce nom pour ouvrir les yeux, Nathalie sortit soudain de son coma.

— Titin, fit-elle, d’une voix qu’on ne lui connaissait pas, vous voulez savoir où est Titin ?… Ah ! c’est toi Toton Robin !… Le Petou !… Est-ce que j’arrive encore à temps ? Ils vont le faire crever, vous savez.

— Où est-il ?

— À Touet-du-Loup !

— Dans les carrières ?

— Dans les carrières !…

— En avant ! fit Toton Robin.