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danger. Après M. Hyacinthe Supia, vous êtes la victime toute désignée et vous ne sauriez trop prendre de précautions. Ne sortez qu’accompagné et, surtout, ne quittez pas la ville. Comptez sur nous pour ce que vous savez, nous sommes sur une bonne piste et nous aurons du nouveau de ce côté. Le mieux pour vous serait de ne point sortir ce soir. Croyez, monsieur, etc… »

Toinetta lui rendit le papier :

— Eh bien, mon ami, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Vous savez mieux que moi ce que vous avez à faire.

— Non, fit-il. Je ne vous ai point dérangée pour que vous me répondiez d’une façon aussi vague. Je comprends très bien que vous vous intéressiez modérément au sort d’un homme que vous n’aimez pas ! Tout de même, il s’agit de ma mort !… Antoinette, croyez-vous que ma vie soit en danger ?

— Je n’en sais rien ! je ne sais plus rien ! Mais puisque vous m’avez fait lire ce papier, je crois que mon devoir est de vous dire comme ces messieurs : Ne sortez pas ce soir !

— Merci, Antoinette ! je n’en attendais pas moins de votre part ! Et voilà une parole qui nous rapproche. Eh bien ! maintenant, je vais vous dire une chose… Je crois, moi, que ces messieurs se trompent tout à fait ! Il n’oserait pas !

Elle ne répondit point. Elle paraissait changée en statue.

Il s’assit en face d’elle, alluma une cigarette et s’expliqua avec une désinvolture tout à fait charmante :

Il n’oserait pas, non point à cause de