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mie de pain imbibée de colle, de suie et de rouille.

— On sera prêts.

Et, le dimanche suivant, voici ce qui se passa :

Sénépon, de la Costa, qui faisait ses cent pas de garde, vit venir en sens inverse trois ombres qui parlaient haut et riaient de même. Il reconnut la Tulipe qui, de son côté, lui lança un ciao tout amical.

— Passe ton chemin ! lit Sénépon, ou tu vas me faire avoir de la boîte.

Sans lui prêter plus d’attention, les autres continuèrent leur chemin et ainsi Sénépon leur tourna le dos.

Il fit encore quelques pas et une trombe lui tomba sur les épaules. Il tomba à terre, lâchant son fusil. Les autres lui enfonçaient déjà un mouchoir dans la bouche à l’étouffer. Une demi-minute plus tard, s’aidant de cordes et de crampons, Aiguardente, Tantifla et Tony Bouta sautaient le mur.

Pendant ce temps, dans la cellule, le Bastardon et Paolo Ricci se tenaient prêts à toute éventualité. Ils purent percevoir les trois ombres sur la crête du mur. Le Bastardon était très pâle. Paolo Ricci était très rouge. Peruggia ne serait pas là avant cinq minutes au moins.

— Ça va ! fit Ricci d’une voix étranglée.

Dans le même moment, un coup de feu retentit au delà du chemin de ronde et tout de suite il y eut des clameurs, des appels, des jurements, des galops furieux de toutes parts, des coups de feu tirés. On entendit la voix d’Aiguardente qui clamait :