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était sûr que la veille et l’avant-veille de cette disparition, Giaousé avait eu une assez longue conversation avec la sœur du « boïa », elle qui ne parlait à personne ! Et puis, ça avait été la disparition de la Manchotte et l’assassinat de la Boccia ! Giaousé n’avait approché ni de l’une ni de l’autre, à ce moment, mais on avait vu les deux femmes avec deux gars, deux vilains gars dont Giaousé était devenu l’ami et qui avaient été peut-être ses mauvais génies… la Tulipe et le Bolacion.

La Tulipe, cet être singulier, qui faisait toutes les affaires de son patron, le notaire de la Fourca, qui avait été mêlé, s’il fallait croire la chronique de Grasse, à de bien fâcheuses histoires, homme à tout faire, plein d’imagination et de ruse et goûtant une joie diabolique dans le malheur des autres. Le Bolacion, cette brute, aussi méprisé à Torre-les-Tourettes qu’à la Fourca et ne se plaisant que dans la société de cette clique étrange qui avait élu domicile comme des troglodytes dans les anfractuosités des gorges du Loup ou dans des cabanes rudimentaires où les ouvriers terrassiers et carriers parlant les idiomes les plus divers, se reposaient dans les plus basses ivrogneries des rudes travaux qu’ils délaissaient dès qu’ils avaient quelques sous en poche.

Titin n’avait pas perdu son temps pendant ces semaines où on l’avait cru mort ! Il avait appris bien des choses sur les expéditions nocturnes, sur les vols dans les campagnes, sur toute cette mystérieuse misère qui s’était abattue sur ce pays naguère si paisible.

Enfin, le dernier coup et le plus terrible :