Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il décuplé du fait que les deux détectives l’avaient « bouclé » dans le moment qu’il accourait au Palais de son propre mouvement. Tant est qu’il ne vit ni Toinetta qui se pâmait dans les bras de Mme Papajeudi et de ses demoiselles, ni même le prince Hippothadée, lequel avait perdu toute sa superbe et eût voulu être à cent lieues de là, quelque part dans les montagnes de Transalbanie. Non ! Son regard, sa fureur, sa férocité ne voyaient qu’un être au monde qu’il semblait devoir anéantir, et cet homme, c’était M. Hyacinthe Supia !…

Disons tout de suite que tous les amis de Titin regrettèrent qu’il surgît devant ses juges sous cet aspect de folie.

On lui avait connu plus de sang-froid en de certains jours néfastes, sans compter qu’une telle attitude pouvait donner raison à ceux qui, se rappelant ses menaces, le représentaient comme un démon de vengeance ! Il y a des moments où les plus sages sont emportés, quoi qu’ils fassent, par le galop forcené de leur sang ! Si Titin était sûr de ce qu’il criait dans ce moment, il était, ma foi, bien excusable !

Il n’y a qu’un assassin, ici ! hurla-t-il, le voilà !

Si MM. Souques et Ordinal n’avaient pas été là pour le retenir, il se fût jeté assurément sur le « boïa » et n’en eût fait qu’une bouchée !

C’est lui qui a pendu sa fille ! C’est lui qui lui a attaché au cou la carte de Hardigras !

Il y eut une clameur générale d’horreur et d’incrédulité.

Quant à M. Supia, devant une accusation aussi monstrueuse, tel un mannequin touché