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XXIII

Comment Pistafun se comporta chez les chats-fourrés en attendant le bon plaisir de Hardigras

Les chats-fourrés de Nice, c’est-à-dire les magistrats, juges, conseillers, procureurs et autres robins promus à la garde de la balance justicière, ne sont point méchantes gens. C’est l’air de Nice qui veut ça.

Mais, en vérité, il est des circonstances où la bonté ferait faillite si elle tombait en faiblesse. Le cas de Titin et de Pistafun était tel, se présentant de façon si horrible et accumulant tant de preuves évidentes de culpabilité, que le devoir des juges était tout tracé : présenter le crime sous les plus sinistres couleurs, l’exposer devant un jury soigneusement trié pour éviter toute fâcheuse surprise, et conclure à la peine de mort pour le premier, à quelques bonnes années de bagne pour le second.

À ce devoir, nul de ces messieurs ne manqua, depuis le juge d’instruction jusqu’au procureur de la République, pourvoyeur à son corps défendant du bourreau.

Son rapport fut terrible.

Tout cela n’était point risible. Cependant, Pistafun riait.

Vint le grand jour, de la cour d’assises, et