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répondiez de cela sur votre tête et sur celle de tous les vôtres. Aujourd’hui, de par vos manœuvres, Mlle Agagnosc est devenue princesse de Transalbanie, pour son malheur et pour le vôtre, monsieur Supia. Hardigras n’a jamais manqué à sa parole. »

M. Supia se dressa tout tremblant sur ses longues jambes. Il ramassa son courrier, qu’il fourra fébrilement dans sa poche et sortit comme un fou.

Il courut aux sous-sols.

— La voiture de la Fourca est-elle partie ? clama-t-il.

— Pas encore, elle est encore en train de charger, lui répondit-on.

— C’est bien ! dites à Castel que je pars avec lui.

Cette voiture était une grande auto de livraison qui parcourait toute la campagne entre la Fourca, Grasse et la Vallée du Loup. Elle chargeait tard toutes les commandes de la journée. Castel, le chauffeur, ne venait prendre ses colis qu’après dîner.

Elle arrivait à la Fourca vers les onze heures du soir, Castel la garait à la Patentable, où il couchait dans les communs, derrière la villa.

Il avait une clef spéciale ouvrant la grande porte fermière et personne ne s’occupait jamais de lui. La Ciaosa n’avait même pas l’occasion de le voir. Dès la première heure, il commençait ses livraisons et se trouvait de retour à Nice le soir avant dîner. Ce livreur resta tout à fait ignorant de ce qui avait pu se passer les jours précédents et de ce qui allait se passer cette nuit-là à la Patentaine.