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pages venus de l’hippodrome, un cabaret : « le père la Bique », bonne cuisine, bons vins, spécialités du pays et, la plus belle de toutes : la vue !

« On » avait amené là, sur la terrasse, Toinetta, pour qu’elle « vît ».

Quoi ?… le défilé, évidemment. Il fallait bien la distraire, cette petite !… Jamais cependant « on » n’avait été aussi aimable avec elle. Hippothadée avait trop vite pardonné la gifle, Thélise était trop souriante, Caroline était trop triste et le « boïa » se frottait trop souvent les mains pour qu’elle ne se méfiât point.

Elle n’avait pas touché à son verre de porto.

Hippothadée parlait sans cesse. Agacée par ce verbiage, Toinetta regarda ailleurs, et voilà ce qu’elle vit : un pavillon au milieu des fleurs, maisonnette rose enveloppée de caroubiers, d’aloès, de cactus et de lentisques… séparée de la route par une haie naturelle, épaisse et haute, de roseaux.

Il fallait franchir cette haie pour arriver à une grille, mais derrière la grille et derrière les roseaux, on était au bout du monde… Ce pavillon pour amoureux dépend du cabaret. On peut louer le pavillon pour une heure ou pour huit jours ; cela dépend des amoureux et aussi de leur amour.

Hippothadée, qui paraissait très renseigné, donna toutes les explications utiles à M. Supia qui ne les lui demandait pas, mais de façon à être entendu de Mlle Agagnosc qui haussa les épaules, trouvant le prince très inconvenant.

Elle allait détourner les yeux de cet endroit