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mir, qui, depuis des semaines, ne se montrait plus dans les milieux que fréquentait si magnifiquement le Bastardon de Transalbanie.

Odon lui-même devenait fiévreux.

— Zé né comprends rien au silence de Son Altesse.

— Monseigneur me permet-il de lui demander quelle somme il lui reste.

— Quinze cents francs ! mon pauvre Odon.

— Que monseigneur me les prête et nous sommes sauvés.

— Qu’allez-vous faire ?

— Z’ai découvert ouné martingale infaillible, au trente et quarante ! Zé commencé avec vingt francs…

— Et vous finissez avec quinze cent mille francs !

— Peut-être, monseigneur… Mais il mé faut les quinze cents francs d’abord !

Titin replaça ses billets qu’il tenait de compter dans son portefeuille, mit le portefeuille dans sa poche et dit :

— « Cu presta su lu gieuc pissa si lou fuec » !… Ce qui signifie en français, mon cher Odon : qui prête sur le jeu pisse sur le feu ! Autrement dit : Il perd sa braise ! » Vous m’avez compris ?

— Ah ! si z’ai compris, monseigneur !

Et Odon Odonovitch se sauva pour ne point dire à monseigneur tout ce qu’il pensait d’une aussi odieuse pingrerie, indigne d’un Hippothadée, fût-il le dernier Bastardon de la lignée !…

Le lendemain, Titin, en sortant du palace, entra dans un bureau de tabac acheter des cigarettes. Comme il n’avait point de monnaie,