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— Ah ! par exemple ! fit-elle en éclatant de rire. Ne dirait-on pas que celui-là c’est péché que de lui faire de la peine ! Qu’est-ce que tu en dis, mon Titin ?

Titin, au milieu de cette agitation, avait gardé un calme supérieur.

— Je dis, déclara-t-il, en s’asseyant bien humblement sur le coin d’un fauteuil qu’on ne lui offrait pas… je dis que, pour moi, il n’y a pas à se fâcher et que c’est à Hardigras à se débrouiller, que je ne serais jamais venu ici pour entendre d’aussi mauvaises raisons si je n’avais accepté une petite commission pour M. Supia, de la part dudit Hardigras.

Supia le foudroyait de son regard. Ne se contenant plus, il montra à Titin la porte du salon :

— Va-t’en ! Va-t’en ! Bastardon ! Quant à ton Hardigras, je ne veux pas savoir ce qu’il a à me dire, mais tu pourras lui répéter ceci de ma part, si jamais tu le rencontres : Je serai sans pitié et je le traînerai devant les juges qui sauront bien mettre fin une fois pour toutes à ses mauvaises farces, m’as-tu compris, Titin ?

— Je ne suis pas sourd, monsieur, répondit Titin en se levant et en gagnant tranquillement la porte. Je n’oublierai en rien de lui dire tout cela ! Au plaisir de vous revoir, monsieur Supia, et que le bon Dieu vous garde !

— Titin ! fit Antoinette, embrasse-moi avant de partir, et donne le bonjour à M. Hardigras.

Supia eut, derrière Titin, un méchant geste, comme s’il eût voulu l’étrangler.

Titin se retourna justement à ce moment-là.

— Je ne sais vraiment pas ce que vous avez