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Et tout coup un cri gagne de proche en proche : Hardigras !

C’est Hardigras qui ferme le cortège.

Et puis un autre nom est bientôt dans toutes les bouches : Titin ! Titin-le-Bastardon !…

Et l’on n’entend plus que ces deux noms : Titin ! Hardigras ! Titin ! Hardigras ! Enfin, un renseignement plus précis : c’est Titin qui a arrêté Hardigras et qui l’amène, pieds et poings liés, à la police.

Au fur et à mesure qu’approche la fin du cortège, le prodigieux rire de la foule prend des proportions homériques… Enfin mille exclamations saluent l’arrivée de Titin-le-Bastardon qui, aidé de Pistafun, Bouta, Aiguardente et Tantifla, tire sur les cordes attachées à son char, sur lequel un énorme Hardigras cartonné sur charpente est étendu, couvert de chaînes.

Le géant atteste sa détresse de toute sa bouche grande ouverte qui bave une banderole écarlate comme une langue pendante sur laquelle chacun peut lire : « Au bari long, Hardigras ! » (Aux galères, Hardigras ! )

Devant Titin triomphant, marchaient à reculons deux masques qui s’étaient fait les têtes de MM. Souques et Ordinal et faisaient un bruit de clochette avec des menottes colossales. Entre temps, ces messieurs s’inclinaient en signe d’admiration et de reconnaissance devant le Bastardon. Quand le cortège s’arrêtait, ils embrassaient Titin et la bouche de Hardigras laissait alors passer un beuglement effroyable qui traduisait sa douleur et sa honte !

« Pauvre Hardigras ! Brave Titin ! »

Ce fut place Masséna, devant les tribunes