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Elle est encore toute émue de la gymnastique supérieure de son ami.

— Grand fou ! lui dit-elle, en l’embrassant gentiment comme autrefois… Je savais bien que tu viendrais. Je ne savais pas par où, par exemple. Mais tu étais dans la maison… grâce à moi. Le « boïa » te l’a dit, au moins. Oui, c’est moi qui ai eu cette idée de te faire venir pour arrêter ce mauvais farceur de Hardigras, qui fait enrager mon oncle. Tu comprends, Hardigras, ça m’est bien égal, c’est toi que je voulais voir. Il y a si longtemps qu’on ne s’est rencontrés ! Et je t’attendais !… Allais-tu arriver par en bas ? par en haut ? par le nord, le sud ou par l’est ?… J’en riais à l’avance, mais je ne riais plus, quand j’ai vu le danger que je t’ai fait courir !… Tu m’as fait peur tout à l’heure quand tu as trébuché près de la cheminée !… Mais sache que si tu t’étais écrasé sur le pavé, j’allais t’y rejoindre.

Il ne faudra plus recommencer ces bêtises-là !… Enfin, ce soir, profitons-en ! Raconte-moi des histoires sur la « Fourca ». La mère Bibi va toujours bien ?

— Toinetta !… ma Toinetta !… fit Titin, c’est vrai ce que tu dis là ?

— Quoi donc ?…

— Que tu m’aurais suivi, là, en bas, sur le pavé !…

— Je te le jure, Titin !… C’est à cause de moi que tu serais mort !… Je n’aurais pas pu vivre avec cette idée-là, bien sûr ! Crois-tu donc que je ne t’aime pas !

Il y eut un silence, puis Titin dit, en faisant un effort immense pour garder à sa voix son ton naturel :