Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tardé à découvrir celui qu’ils cherchaient. Les mains dans les poches, il considérait attentivement une fenêtre du dernier étage de la « Bella Nissa » qui restait obstinément sombre et fermée.

Titin renouvela ce manège trois ou quatre fois, allant d’un trottoir à l’autre, évitant aussi la lumière.

Enfin il sembla se résoudre à diriger sa promenade vers d’autres parages… Il arriva, par des escaliers discrets, à remonter jusqu’au boulevard Mac-Mahon… Après un moment d’hésitation, il se glissa sous les arcades qui longeaient le casino et déboucha sur la place Masséna. Son attention fut attirée par la foule qui se pressait devant l’entrée du bâtiment municipal décorée de tentures et toute fleurie comme aux grands soirs de gala.

Le casino donnait en effet, ce soir-là, une représentation exceptionnelle à l’occasion d’une fête de charité. Les autos commençaient d’affluer, déposant sous les voûtes, où l’on avait établi un service d’ordre, des couples fastueux, et cette brillante société à laquelle une heureuse fortune permet de faire le bien chaque fois que cela est possible, sans trop s’ennuyer.

La nuit était magnifique pour la saison ; une de ces nuits dont les hivers de Nice ont le secret et qui étonnent toujours le voyageur.

Sous les fourrures entr’ouvertes, les femmes, couvertes de bijoux, étaient l’objet de l’admiration d’une double haie de curieux… Soudain Titin tressaillit… Il venait de reconnaître, descendant d’auto, entre sa tante et sa cousine, Antoinette dans une toilette d’un goût