Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devoir dire, pour attester qu’il prenait part à la peine de Titin :

— Mon pauvre Titin ! Je te plains bien, va !

Le Bastardon donna aussitôt un tel coup de poing sur la table qu’il eût fait sauter toute la vaisselle qui la chargeait au plafond si Caramagna ne se fût précipité à temps pour protéger son fonds de commerce…

— Bougre de « bavecca » ! lui jetait Titin devenu aussi rouge que tout à l’heure il était pâle… Ce n’est pas moi qui suis à plaindre ! C’est elle !

Le tremblant Caramagna n’avait pas besoin d’entendre cette dernière gentillesse qui le reléguait au rang des pauvres d’esprit après que Titin l’eut déjà comparé à la « bavecca », poisson qui a une gueule de raie, pour se rendre compte que son intervention, si amicale fût-elle, n’avait pas été du goût de son client, et il disparut sans plus tarder du côté de ses fourneaux, renonçant à se mettre dans les bonnes grâces d’un garçon qui, ce jour-là, montrait un caractère si difficile.

— Monsieur Papajeudi, reprit Titin, après un effort pour reconquérir son sang-froid, vous qui avez parlé à M. Supia, et qui l’avez vu si allègre, n’avez-vous point pensé qu’il pût y avoir dans toute cette affaire quelque tour de sa façon ? On le voit rarement gai de la joie des autres ! Enfin ! D’après ce que vous me dites, j’imagine que l’on a peut-être forcé la main (ce serait le cas de le dire) à notre pauvre Toinette…

— Croyez-moi, intervint Mme Papajeudi, à qui l’on ne demandait rien, Toinette n’est point si petite fille que ça ! et ce n’est point Supia