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de l’arrière-greffe sur le guichet, puis lui-même entra dans le greffe en étouffant le bruit de ses pas.

Patte d’Oie, sur le seuil de la porte désignée, fit signe au gardien. Ce signe priait le gardien de s’approcher. Évidemment, l’aide du bourreau avait une chose importante à dire au gardien. Celui-ci s’avança. Il brinquebalait négligemment au bout de ses doigts les clefs retentissantes. Quand il fut près de Patte d’Oie, il ne s’aperçut point que quelqu’un s’approchait de lui, le plus sournoisement du monde, par-derrière ; c’était le Vautour qui, après être entré dans le greffe, en était sorti par la porte donnant sur le guichet.

Avant que Patte d’Oie ait eu le temps d’expliquer au gardien ce qu’il attendait de lui, le Vautour avait saisi celui-ci à la gorge et l’avait renversé sur lui. Le gardien essaya bien de se débattre, mais la surprise et la force combinées du Vautour et de Patte d’Oie eurent vite raison de sa résistance. De solides cordelettes lui attachaient les pieds et les mains, cependant qu’un linge qu’on lui avait enfoncé assez vigoureusement dans la bouche tout d’abord et que l’on transforma ensuite en bâillon, réduisit au silence cette nouvelle victime de la puissance mystérieuse de R. C.

Les deux faux aides du bourreau transportèrent incontinent le pauvre gardien dans le parloir dont ils refermèrent la porte. Tout ceci, qui demande du temps pour être raconté, en exigeait beaucoup moins pour être accompli.

D’une façon générale, il se passait dix-sept minutes entre le moment où le cortège se mettait en route vers la cellule du condamné à mort et le moment où le couteau tombait. Le Vautour et Patte d’Oie n’avaient pas une minute à perdre.

Le Vautour s’était emparé des clefs du gardien, qui étaient tombées sur les dalles. Il se rendit, aussitôt la petite opération faite, aux portes qui faisaient communiquer le guichet avec la détention, et non content de s’assurer que les verrous étaient tirés, il introduisit dans chaque serrure un petit morceau de fil de fer contourné d’une bizarre façon et qui, certainement n’avait point été travaillé de cette sorte uniquement par distraction d’artiste.

Il revint ensuite dans l’arrière-greffe rejoindre Patte d’Oie, qui était courbé contre la porte donnant sur la détention, l’oreille aux écoutes. Patte d’Oie leva encore le doigt. Le Vautour leva le doigt. Ces deux hommes parlaient peu, mais ils semblaient s’entendre merveilleusement.

Des pas retentissaient dans le corridor, se rapprochaient. Le Vautour se colla contre le mur. Patte d’Oie était de l’autre côté ; la porte allait s’ouvrir sur lui et le cacher. La porte s’ouvrit brusquement.

— Va ! dit seulement le Vautour.

Cette syllabe devait sans doute être le signal qui signifiait que l’on