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Sinnamari riait encore, quand R. C. se levant, le front rayonnant et les yeux pleins d’éclairs, s’écria :

— Faites entrer Mlle Desjardies !…

X

« TU TE RÉVEILLERAS D’ENTRE LES MORTS »

Le bourreau et ses aides étaient entrés dans la prison. Aussitôt qu’on avait passé la porte de la Grande-Roquette, on se trouvait sous un vaste portail qui abritait sur la droite le poste militaire. Il y avait là un local qui contenait à l’ordinaire une petite troupe de vingt-deux hommes commandée par un adjudant. À gauche, toujours sur le portail, s’ouvrait une loge pour le gardien-portier. Cette loge traversée, on se trouvait dans la cour d’honneur ou cour d’administration. Cette cour était entourée par les cuisines, à gauche, par des magasins, à droite, et, au fond, par le bâtiment de l’administration.

Toute la prison se composait de trois corps de bâtiments entourés par deux chemins de ronde indépendants. Le plan de cette prison avait été si bien établi que si, dans l’histoire de la Grande-Roquette, on relève quelques tentatives d’évasion, on ne saurait dire qu’une seule, jusqu’au jour qui nous occupe, ait réussi. En tout cas, l’administration n’en avoue pas.

Après avoir traversé la cour d’honneur, on accédait par un perron de quelques marches au guichet du greffe. C’était un vestibule carré d’où l’on pénétrait à droite dans les bureaux du greffe et de la comptabilité, à gauche dans le parloir, et au fond, dans la partie de la prison réservée à la détention proprement dite.

Quand on avait franchi le guichet du greffe, on se trouvait dans la cour centrale, vaste et carrée, occupée dans son milieu par une fontaine surmontée d’un réverbère. Cette cour servait deux fois par jour, à neuf heures et à quatre heures, pour la promenade en commun des détenus. Il ne faut pas confondre cette cour avec la cour des condamnés à mort, dans laquelle nous avons assisté à la promenade de Desjardies.

Entre cette grande cour et la petite cour des condamnés à mort, il y avait encore un poste occupé par une trentaine de soldats, commandés par un adjudant.

Les deux chemins de ronde, indépendants l’un de l’autre, étaient enclos entre des murailles de huit et neuf mètres ! Les hauts bâtiments contenaient, pour six sections, 272 cellules, et, au bout de chaque section cellulaire, il y avait un dortoir commun de vingt lits.

Nous avons établi dans un précédent chapitre de quelle façon les