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prêt à s’installer sur le seau, ainsi qu’il est raconté dans la terrible histoire de M. Jackal, du toujours vivant Alexandre Dumas père.

— Vous avez tort de dire que rien ne change, répliqua R. C. Tout progresse, au contraire. Ce serait malheureux s’il nous fallait, sous le second Empire, descendre dans les Catacombes comme au temps des Ventes et de cet excellent Salvator !

Ayant dit, il appuya du doigt sur un coin de la margelle, cependant que Cassecou tirait jusqu’au haut de la poulie le seau, à seule fin qu’il ne gênât pas. Alors, le Professeur, non sans stupéfaction, vit monter à l’orifice du puits un ascenseur.

— Donnez-vous la peine d’entrer, Professeur ! fit R. C.

Et le Professeur entra en se disant : « C’est la seconde fois que l’on me prie de me donner la peine d’entrer. Quand donc m’offrira-t-on le plaisir de sortir ? »

Quand ils furent tous trois dans l’ascenseur, celui-ci descendit avec une grande rapidité. La descente n’en dura pas moins plusieurs minutes qui parurent des siècles au glorieux hôte de la Mappemonde.

— Eh quoi ! fit-il tout haut. Nous allons donc au centre de la terre !…

Enfin, l’ascenseur s’arrêta en pleine obscurité. R. C. fit jouer une petite lampe portative. Et le Professeur vit que l’ascenseur se trouvait au centre d’une vaste pièce circulaire, entièrement close. Était-ce là vraiment une pièce ? On eût dit plutôt une crypte, aux murs et à la voûte de granit. Elle ne semblait avoir d’autre ouverture que le trou circulaire de son sommet, qui avait laissé passer l’ascenseur.

R. C. avait pris la tête de l’expédition. Le Professeur le suivait, Cassecou fermait la marche. Sans qu’il pût dire comment cela se fit, le Professeur constata que la muraille avait cédé sous les mains de R. C., que l’on s’enfonçait dans la muraille et que l’on se trouvait maintenant dans un étroit couloir aux murs humides. Un petit ruisselet coulait à leurs pieds.

— Pourvu, se disait le Professeur, qu’on retrouve son chemin ! Je me suis laissé dire que les Catacombes sont dangereuses à cause de la difficulté que l’on a à retrouver son chemin… Au prochain carrefour, je ferai une marque dans la muraille avec mon couteau.

Mais, il ne rencontra pas de carrefour ; s’étant baissé derrière R. C., il se trouva tout à coup, quand il releva la tête, dans un véritable salon ; la pièce était circulaire et à peu près de la même dimension que la précédente, mais, tandis que la première était une véritable caverne, celle-ci était garnie de lambris de tentures d’un luxe rare.

Elle n’avait d’autres meubles qu’un vaste bureau également circulaire, une sorte de table à casiers divisée en six triangles, devant chacun desquels se trouvait un fauteuil.