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aimer, de tous ceux qui l’avaient trahie ?… Peut-être !… Pour obéir aux jeux du destin qui avait besoin de la réunion momentanée de ces deux êtres, afin que certaines choses nécessaires fussent accomplies ?… Est-ce qu’on sait ?… Il faudrait voir !…

Sinnamari s’assit sur un coussin aux pieds de Liliane. Ce formidable amoureux était ridicule. Il fut banal dans son trouble, ne trouvant pas ses mots pour la remercier de le recevoir dans un endroit qui, jusqu’à ce jour, lui était resté fermé.

— J’ai quelque chose à vous demander ! fit Liliane, l’interrompant dans son bredouillis.

— Tant mieux ! répondit Sinnamari… C’est accordé !…

— Oh ! répliqua doucement Liliane… Comme vous voilà !… Prenez garde, il ne s’agit pas d’argent…

— Enfin ! ne put s’empêcher d’exclamer le procureur.

— Merci ! répondit Liliane.

— Pardon ! reprit, honteux, Sinnamari.

— Allons ! parlons sérieusement : j’ai fait trois souhaits.

— Trois souhaits ! Vous n’en avez fait que trois, Liliane ? Je regrette qu’ils soient en si petit nombre, du moment où vous m’avez choisi pour les accomplir.

Liliane sourit à ce bel empressement.

— Alors, nous disons… le premier souhait ? demanda l’amoureux en levant le doigt.

— Celui-là n’est pas bien difficile… Il est déjà à moitié accompli, mais je voudrais être sûre qu’il le sera tout à fait…

— Vite de quoi s’agit-il ?

— D’abord, fit la demi-mondaine, d’abord, dites-moi, mon ami, que pensez-vous que je fais en ce moment ?

— Vous vous faites les mains.

— Eh bien ! Voilà où vous vous trompez, j’apprends mon rôle…

— Quel rôle ?

— Celui-ci, indiqua Liliane en lui désignant une petite brochure qui traînait sur sa coiffeuse. C’est Marcelle Férand elle-même qui m’a choisie pour ce rôle-là parmi toutes ses élèves… Elle jouera avec moi !

— Oh !… Mes félicitations… avec Marcelle Férand ! Ce sera l’événement de la saison dramatique à Paris… Et où débutez-vous ?

— Justement dans un endroit où je tiens absolument à vous voir, ou plutôt où je tiens à ce que vous me voyiez…

— Je vous en remercie, Liliane… Et où cela ?

— Chez M. le comte de Teramo-Girgenti, après-demain. C’est là mon premier souhait.

— Mais, ma chère amie… c’est un souhait qui ne compte pas, celui-là… Vous savez que je dois y aller… Je suis invité. Je vous l’ai dit moi-même…