Page:Leroux - Le Roi Mystère.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais l’autre riait et, tout en riant de ses dents de loup, criait :

— Ah ! Tu as le nez fin ! Tu as le nez fin, mon fils !

Et il se moquait maintenant.

Et il répétait :

— Ah ! Tu as le nez fin ! Tu as le nez fin ! I am very sorry ! Je suis bien désolé !

— De quoi ? Vous êtes désolé de quoi ? demanda Robert Pascal, en serrant les poings. Parlez sérieusement, monsieur Macallan, car je vous jure que je ne suis pas d’humeur, ce matin, à baguenauder avec votre seigneurie…

I am very sorry fot the trouble I have given you ! Je suis bien fâché de la peine que je vous ai donnée.

Robert Pascal se troubla alors tout à fait :

— Depuis quand êtes-vous ici, monsieur Macallan ?

— Oh ! Depuis le commencement du monde !… Ah ! que tu es beau, jeune homme ! Un jeune homme beau comme un jeune dieu ! How pleased I am ! Dieu, que je suis content !

— Depuis quand êtes-vous ici, monsieur Macallan ? répéta Robert Pascal, sur un tel ton de menace, cette fois, que M. Macallan recula, effrayé…

— Reviens à toi, R. C. ! fit sérieusement, cette fois, le gnome. Et il prit une voix tendre. Vous savez si je vous aime, mon ami !…

— Répondez ! Depuis quand ?

R. C., s’avançait sur lui, la main levée.

— J’ai passé ici la nuit ! finit par avouer Macallan, en regardant avec anxiété Robert Pascal.

Robert regarda, toute colère tombée, M. Macallan avec un tel air de douloureux reproche que M. Macallan en fut encore tout ému.

— Tout cela, dit solennellement R. C., en passant la main sur le front, aura une fin…

— Possible ! répliqua en souriant Macallan. Et il rebondit sur ses pattes, agitant son gros bâton… Possible ! Ça aura une fin ! Vous avez le nez fin, monsieur, mais on peut avoir le nez fin et une dent creuse ! Et quand il fut dehors, il courut, se sauva, criant par-dessus ses épaules :

— Vous avez une dent creuse, my dear friend ! Et je vous l’arracherai !

Il n’était plus qu’un petit point gesticulatoire en haut de la rue des Saules, qu’on l’entendait répéter encore de sa voix glapissante : « Une dent creuse ! Une dent creuse !… »