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Le docteur passa, bousculant tout le monde, et pénétra, par le secrétariat, dans le bureau du procureur.

La porte s’était refermée. On avait mis une garde devant cette porte.

Teramo-Girgenti surprit ensuite ces paroles prononcées, derrière lui, à voix basse, par le garçon auquel il s’était adressé tout à l’heure, et qui s’entretenait maintenant avec un huissier :

M. le procureur a demandé Cyprien à trois reprises… C’est tout de même drôle qu’il ait disparu comme ça…

— Qu’est-ce que tu en penses ? demandait l’autre.

— Je pense qu’il se passe trop d’affaires louches ici… Je vais tâcher de passer au service du procureur général.

— Et ce pauvre homme ? questionna l’huissier, crois-tu qu’il soit mort ?

— Il en avait bien l’air…

Teramo-Girgenti se leva, fit signe au garçon de bureau, l’entraîna dans un coin, et lui mettant un louis dans la main :

— Vous ne pouvez pas m’annoncer en ce moment à M. le procureur ?

— Oh ! Monsieur, répondit le garçon, en montrant une physionomie bouleversée par le désespoir de ne pouvoir contenter immédiatement les désirs d’un homme assez généreux pour payer de vingt francs l’honneur de parler à un larbin du parquet, si vous vouliez patienter un peu…

Teramo-Girgenti remit un nouveau louis dans cette main mercenaire…

— Je ne patienterai qu’à une condition, mon ami, c’est que vous me racontiez, par le menu, tout ce qui vient de se passer ici…

Et il se rassit.

Alors, l’autre, avec une mine importante et mystérieuse, lui confia que « depuis des heures » M. le procureur impérial, le préfet de police et un officier divisionnaire de la préfecture, nommé Dixmer, étaient en conférence, et que celle-ci avait d’autant intrigué tout le monde qu’on en ignorait le motif, et que, lorsqu’elle avait pris fin, il y avait un quart d’heure, M. le procureur impérial, le préfet de police et M. Dixmer étaient apparus dans l’antichambre, fort agités. Or, pendant que durait cette conférence, était arrivé, de la Roquette, le portier de la prison. Le préfet de police, paraît-il, l’avait fait mander. Et il attendait d’être introduit auprès de lui, quand préfet, procureur, officiers étaient sortis. Le préfet, apercevant le portier, avait dit au bonhomme : « Je vous attends à la préfecture tout à l’heure », puis il avait serré la main du procureur comme quelqu’un qui prend congé. Dixmer avait salué ces messieurs en leur disant : « À ce soir », et il s’était dirigé vers l’escalier en colimaçon qui donne directement du vestibule du procureur sur la cour de la Sainte-Chapelle. Au moment où il posait la main sur la