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que je lui avais remises pour qu’il les portât à leur adresse et que, commissionnaire infidèle, il avait détournées, Desjardies, lui, ne se moquait nullement de ce que l’on pût découvrir ces papiers prouvant ses tripotages dans les Chemins de fer ottomans… Lamblin en avait la garde… Il a dû demander une somme énorme… Je connais ses prix : cent mille francs au minimum… Desjardies n’avait pas le sou… il a assassiné Lamblin !…

» Comprenez-vous que vous n’avez rien à apprendre à personne ?… Apprenez que le juge d’instruction, dans ses perquisitions chez Lamblin, a cherché tous les papiers que vous m’apportez là et dont je lui avais fait à l’avance la plus complète description… Je lui avais même montré la liste, que Lamblin avait eu la bonté de me faire passer…

Dixmer ne pouvait plus parler… C’était fort ! C’était vraiment très fort !… C’était trop fort !…

— Qu’avez-vous, mon cher Dixmer ?…

Celui-ci passa la main sur le front comme pour s’éclaircir les idées, et puis il dit :

— Seulement, il y a aussi les papiers Didier… et si l’on rapproche les deux paquets de lettres et les deux morts, cela peut faire naître de bien dangereux soupçons…

M. le juge d’instruction, répondit Sinnamari sans montrer le moindre émoi, recevra les deux paquets avec le même plaisir… car, sur les indications de M. Eustache Grimm, et sur les miennes… il a cherché les papiers Didier comme les papiers Lamblin… sans les trouver, puisqu’ils étaient tous deux dans votre poche…

— Le juge d’instruction savait donc ?…

— Que Lamblin et Didier formaient à eux deux une association de malfaiteurs ? Parfaitement… Dès que M. Grimm m’eut confié à quel genre d’exercice son employé avait la prétention de le soumettre, il reçut de moi l’ordre d’aller se plaindre au commissaire de police… Didier, sans doute très ému de ce que lui avait dit le commissaire de police, et bourrelé de remords, s’est pendu lui-même !… Ne trouvez-vous point, Dixmer, que voilà une mort bien naturelle ! Qu’en dites-vous, mon cher Dixmer ?…

— J’en dis, murmura Dixmer affolé, et risquant un dernier coup, j’en dis que Didier a été étranglé par un nommé Costa-Rica, à qui une lettre anonyme envoyée par vos soins et ceux de M. Eustache Grimm avait fait croire que sa maîtresse…

— Que sa maîtresse le trompait avec Didier… Une lettre anonyme est venue aussi me dénoncer ce Costa-Rica. On l’a fait venir au Palais. Il a apporté un alibi irréfutable en réponse à l’accusation de la lettre, et quant à sa maîtresse, une fille qui se fait appeler La Mouna, je crois, il a été prouvé qu’elle n’a jamais connu Didier…

Dixmer se taisait. Le procureur lui frappa sur l’épaule.