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Sinnamari n’avait pas cessé de contempler Dixmer avec une curiosité évidente, mais ironique.

— Qui est ce Merlin ? demanda-t-il. C’est la première fois que j’en entends parler…

— Ce Merlin, monsieur le procureur impérial, répliqua immédiatement Dixmer, n’est point du Gard, comme il le prétend, et il n’est pas industriel… C’est tout simplement un agent qui s’est présenté chez Mme Demouzin avec l’intention d’obtenir la preuve de trafics criminels qui, j’en suis sûr, n’ont jamais existé !

Mme Demouzin s’affaissa légèrement sur sa chaise. Régine gémit. Quant à Sinnamari, le danger évident semblait avoir décuplé tous « ses moyens ».

— Un agent de qui ? demanda-t-il sourdement.

M. Merlin est tout simplement un agent de R. C., le roi Mystère, le roi des Catacombes !

— Pas possible ! fit négligemment le magistrat. M’en voudrait-il donc personnellement ?

Dixmer fut seul à l’entendre, à le comprendre.

— Oui… dit-il en regardant le procureur jusqu’au fond des yeux.

Alors, il se leva et dit :

— Monsieur le procureur impérial, je désirerais avoir un entretien particulier avec vous.

Sinnamari tendit sa main à Régine et à Mme Demouzin. Tous deux s’en allèrent, parvenant difficilement à calmer leur agitation.

On entendit Cyprien qui leur ouvrait la porte du vestibule et qui la refermait. Puis on n’entendit plus rien.

Le procureur s’avança vers Dixmer :

— Vous jouez gros jeu, dit-il.

— Je le sais, répondit Dixmer sans broncher.

— J’ai peur, continua Sinnamari, peur pour vous !

— Je suis plus fort que vous, monsieur le procureur impérial, moi je n’ai peur pour personne… Ni pour vous, ni pour moi !…

Sinnamari regarda cette figure de fouine, qui avait dû tromper tout le monde… pour de l’argent, pour rien, pour le plaisir…

— Vous êtes un artiste, monsieur Dixmer, prenez garde… les artistes finissent toujours mal…

— Non ! je ne suis pas un artiste. Je ne suis qu’un pauvre fonctionnaire dévoré d’ambition, qui voudrait être quelque chose…

— Quoi donc ?

— Je vous le dirai tout à l’heure…

Sinnamari désigna en face de lui une chaise à Dixmer :

— Asseyez-vous, mon cher Dixmer !… Qu’est-ce que vous avez à me dire ?

Dixmer s’assit, et, sans émotion apparente, répondit :