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son intelligence et à sa perspicacité. Cette hypothèse parut à tous, de toute évidence, impossible ; et il finit bientôt, grâce à une malheureuse coïncidence d’heure et de lieu, par passer pour le voleur. On voulut lui faire avouer sa faute ; il s’en défendit avec une énergie indignée qui lui valut une punition sévère ; le principal fit une enquête où Joseph Joséphin fut desservi, avec la lâcheté coutumière aux enfants, par ses petits camarades. Certains se plaignaient qu’on leur dérobait depuis quelque temps des livres, des objets scolaires, et accusèrent formellement celui qu’ils voyaient déjà accablé. Le fait qu’on ne lui connaissait point de parents et qu’on ignorait « d’où il venait » lui fut, plus que jamais, dans ce petit monde, reproché comme un crime. Quand ils parlèrent de lui, ils dirent : « le voleur ». Il se battit et il eut le dessous, car il n’était point très fort. Il était désespéré. Il eût voulu mourir. Le principal, qui était le meilleur des hommes, persuadé malheureusement qu’il avait affaire à une petite nature vicieuse sur laquelle il fallait produire une impression profonde, en lui faisant comprendre toute l’horreur de son acte, imagina de lui dire que, s’il n’avouait point le vol, il ne le conserverait point plus longtemps, et qu’il était décidé, du reste, à écrire le jour même à la personne qui s’intéressait à lui, à Mme Darbel