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de la côte et appris où le ménage logeait !… au fond de la Tour Carrée… Le ménage !… Tout ce que Darzac avait souffert jusqu’alors n’était rien à côté de ce que ces deux mots : leur ménage… le faisait souffrir !… Cette souffrance-là ne devait cesser que de la minute où il avait revu, lors de la démonstration corporelle de la possibilité de corps de trop, la Dame en noir !… Alors il avait compris !… jamais elle n’eût osé le regarder ainsi… Jamais elle n’eut poussé un pareil cri de joie, jamais elle ne l’eût si victorieusement reconnu si, une seconde, en corps et en esprit, elle avait, victime des maléfices de l’autre, été la femme de l’autre !… Ils avaient été séparés… mais jamais ils ne s’étaient perdus !

Avant de mettre son projet à exécution, il était allé acheter un revolver à Menton, s’était débarrassé de son pardessus qui eût pu le perdre pour peu que l’on fût à sa recherche, avait fait l’acquisition d’un veston qui, par la couleur et par la coupe pouvait rappeler le costume de l’autre Darzac, et avait attendu jusqu’à cinq heures le moment d’agir. Il s’était dissimulé derrière la villa Lucie, tout en haut du boulevard de Garavan, au sommet d’un petit tertre d’où il apercevait tout ce qui se passait dans le château. À cinq heures, il s’était risqué, sachant que Darzac était dans la Tour du Téméraire,